Comment about the presentation by Serge and Laurent of Bruno Latou’s "La fabrique du droit"
Quelques notes ? propos de l’?valuation de la proposition de Bruno Latour.
Le premier argument, qui est de r?torsion (Bruno Latour peut-il parler de droit), ne me convainct pas vraiment, car dans les m?mes termes, il ne peut pas non plus parler de science.
Or, on peut parler ? partir de l’exp?rience non d’une exclusion arbitraire, mais d’une position de dehors. C’est ce que j’ai exp?riment? notamment quand je travaillais chez Prigogine : ce que je pensais ?tait sans poids en ce qui concerne les risques pris par les chercheurs (envers d’autres chercheurs) mais je pouvais n?anmoins comprendre leurs risques. Je ne pouvais pas, simplement, dire "? votre place, je....". C’est ce que j’ai th?matis? dans Cosmopolitiques 7 dans le chapitre "nomade et s?dentaire", on ne peut pas partager les risques d’une pratique, mais on peut en apprendre les obligations.
C’est toute la question de la pratique et de la fronti?re, qui n’est pas un mur, mais qui impose des conditions d’?change : on apprend d’une pratique quand on apprend comment elle se laisse approcher, ce que les praticiens "font sentir" (parfois sur un mode violent, si on manque de prudence).
Est-ce qu’en droir "tout est politique" ? J’ai l’habitude d’employer le mot de Leibniz : "tout n’est pas....., mais il y a du.... partout (en l’occurrence chez Leibniz c’?tait "vivant").
Il me semble que l’auto-d?termination ? propos de quelque chose d’ext?rieur n’est pas un paradoxe, mais ce ? quoi Latour a assist?, dans les conditions tr?s particuli?res de Conseil d’Etat : la discussion, lorsque les conseillers se r?jouissent qu’on leur donne le moyen de modifier quelque chose, me semble pr?cis?ment (d’autant plus que ils viennent pour beaucoup des mondes ext?rieurs au droit) un processus qui, tout particulier au conseil d’Etat qu’il soit, exhibe la question de "la mani?re" dont est pris en compte un ?tat des affaires "la?que". Evidemment, lorsque la juge condamne le Collectif contre les expulsions, c’est beaucoup moins heureux. Et c’est la m?me chose en sciences : il y a des lieux o? on voit la force des obligations scientifiques, et d’autres o? on a envie de hurler.....
Bref, en ce qui me concerne, ce que vous nommez paradoxe est pr?cis?ment ce pour quoi j’ai li? pratique et obligation : une pratique n’est pas "ferm?e" par rapport ? l’ext?rieur, l’int?ressant est le "comment". Cela me fait toujours penser ? la question du "pli" : il est indissociable du tissu, et pourtant, le tissu ne l’explique pas, le tissu s’explique dans le pli, ? partir des contraintes que fait exister la question "qu’est-ce qu’un pli ?"
Lorsque Bruno ?crit que le Droit serait parfaitement apte ? participer ? l’?cologie politique, c’est me semble-t-il au m?me sens o? il plaide que la recherche scientifique serait apte, c’est-?-dire qu’il n’y a pas de contradiction entre les obligations qui font le droit et l’?cologie politique, mais cela ne veut pas dire que ce soit "tout pr?t". Aucune pratique ne peut ?tre, sauf sp?culativement, - et le propre des lieux comme le Conseil d’Etat ou un labo de recherche ? controverses vivantes est d’aider ? cette sp?culation (conditions de f?licit?)- ?tre s?par?e de son milieu. Le fonctionnement de l’appareil de Droit est, comme Serge et Laurent le souligne, "moderne". Le point de Latour est, me semble-t-il, qu’il n’est pas, ? la mani?re des pratiques que dans Cosmo 7, je qualifiaus de "modernistes", d?pendant quant ? sa possibilit? pratique, de cette moderrnit?.
Ce qui me manque, ce que j’aimerais, c’est que ces notions que Latour a produites, par exemple, le Droit en tant qu’il passe, ou la notion, que moi j’ai beaucoup aim? d’h?sitation (on a bien h?sit? !), vous nous disisiez si elles peuvent ?tre accueillies, modifier quelque chose ? la "th?orie du Droit" (que je n’aime pas cette d?nomination). Bref, en quoi est-ce pertinent ? Parce que vous r?sumez for bellement, ce me semble, le livre, mais lorsque vous prenez la parole, c’est comme si c’?tait d?fensif. Or, avec Bruno, c’est toujours comme cela, il a l’art de susciter des r?flexes d?fensifs, mais c’est lorsqu’on a pass? ? travers que cela devient tr?s int?ressant.